Les « nouvelles formes d’emploi » tendent à se développer dans une opposition binaire entre flexibilité des entreprises et sécurité des salariés.

Les groupements d’employeurs cherchent à briser cette antinomie entre l’économique et le social en proposant des emplois qui associent flexibilité externe pour les entreprises et sécurité de l’emploi pour les salariés. Mais comment ? En créant, à partir de bouts d’emplois saisonniers ou à temps partiel, des emplois stables à contrats à durée indéterminée et à temps plein. Le salarié est employé par le groupement dont il dépend juridiquement, mais il réalise son travail auprès de deux, voire trois entreprises adhérentes, selon un principe de « maillage » et de « temps partagé ». L’éventail du temps partagé s’étend des activités faiblement qualifiées aux fonctions de cadre, de l’opérateur au directeur général. Chaque maillage est spécifique. Des activités, des fonctions et des métiers ressortissant de différentes branches professionnelles peuvent ainsi être maillés en un seul emploi sur une base journalière, hebdomadaire ou mensuelle selon un rythme stable, fixé par avance. Prenons l’exemple de cette chargée de ressources humaines qui, comme d’autres collègues, comptable ou responsable qualité, partage sa semaine entre deux entreprises, de cette opératrice qui conditionne du parfum l’hiver et du poulet l’été, ou encore de ce chauffeur de car scolaire qui est marchand de poisson pendant la période estivale.

Les groupements d’employeurs se veulent à la fois un instrument de développement économique et de lutte contre la précarité. Leurs responsables aiment à parler de dispositif « gagnant–gagnant », l’entreprise y trouvant des avantages en termes de fidélisation du personnel et de coût de gestion de la flexibilité, le salarié en termes de sécurisation de son parcours et de développement professionnel.