Curieusement, la plupart des débats sur le knowledge management (management par la connaissance, mais aussi management des connaissances) sont d’inspiration industrielle. Comment utilisons-nous notre capital de connaissance dans l’organisation ? Comment élevons-nous le niveau des normes et des pratiques de l’organisation pour atteindre celui des meilleures unités ? La standardisation et la reproductibilité ont été les mots d’ordre de l’économie industrielle. Ne devraient-ils pas être ceux de l’économie du savoir ?

Un artisanat invisible

Il existe pourtant de fortes tensions entre la production industrielle et le travail intellectuel qui doit être managé aujourd’hui. A tenter d’imposer les modèles industriels sur le management de ce travail, on a eu jusqu’ici bien des déboires. Le retour à un mode artisanal préindustriel, quelquefois idéalisé, serait probablement tout aussi décevant. Mieux vaut explorer les pistes d’une nouvelle synthèse, qui reconnaîtrait les caractéristiques de l’économie de la connaissance en en identifiant les principales questions.

Par définition, le produit fini, le processus et les stades intermédiaires de travail artisanal sont visibles. Rendez-vous dans un atelier de soufflage de verre ou chez un orfèvre. Le parcours de l’apprenti pour maîtriser son art dépend de la visibilité de tous les aspects de travail d’artisanat, comme le notait Etienne Wenger en évoquant des « communautés de pratiques ». Cette visibilité a pour revers une invisibilité quelquefois délibérée hors de la communauté de travail, et on peut noter que reste vrai dans le monde industriel. La notion de secrets commerciaux, par exemple, est née de la nécessité de dissimuler des éléments des processus de fabrication et de conception aux yeux indiscrets des concurrents.

L’une des différences