Il est important de distinguer deux catégories dans le « vivant », l’humain et le vivant non humain. Tout ce qui touche à l’humain conduit à des interférences avec l’éthique, et ces questions sont particulièrement importantes en matière de modification du génome ou de clonage embryonnaire. Mais distinction ne veut pas dire existence de parois étanches entre l’humain et le non humain. Si l’humain est affecté d’une surcharge éthique, il ne faudrait pas oublier que le vivant non humain est un banc d’essai pour l’humain.

Ceci étant précisé, la question est la suivante : y a-t-il vraiment originalité ou non du champ du vivant en matière d’innovation et de brevet ?

Depuis les origines de l’homme, le vivant - les plantes, les animaux - est une source de nourriture pour celui-ci. Cette utilisation du vivant - se nourrir, se vêtir, se soigner - a longtemps été une utilisation non appropriative : même si les troupeaux pouvaient être razziés, il n’y avait pas monopole des matières premières ni des techniques. La seule exception historique est celle de la soie, dont le procédé de fabrication était un secret d’Etat, mais il ne s’agissait pas là d’un bien fondamental mais d’une consommation de luxe.

L’appropriation du vivant est un phénomène historiquement daté

L’esprit marchand autour du vivant est apparu à la fin du XIXème siècle, quand le vivant a été considéré comme une matière première à transformer, quand s’est introduite l’idée de mettre la main sur le vivant pour en faire une source de profit, y compris quand il répondait à des besoins essentiels comme l’alimentation ou le médicament. C’est à cette époque que le médicament devient un objet de brevet, et donc de séquestration. Pendant des siècles, le levain s’est donné d’un boulanger à l’