Les équipes syndicales sont parfois mobilisées sur le sujet de l’épargne salariale mais des freins demeurent. Le blocage idéologique des syndicalistes relatif à l’intéressement semble dépassé, alors que des militants cédetistes d’une entreprise publique de l’énergie, choqués par cette «prime de la honte» avaient renvoyé leurs chèques à la direction en 1987. Mais l’actionnariat salarié demeure mal vécu par certaines équipes. Ainsi, dans ce groupe d’électronique issu du secteur public dont l’essentiel de l’activité et des effectifs est centré aux Etats-Unis, «les salariés du 1er collège ont encore un peu honte d’avoir acheté des actions, c’est un acte contre nature, les gens ne s’en vantent pas».

Méfiance et solitude…

La méfiance, parfois idéologique, est aussi une méfiance technique. De fait, la technicité et les compétences syndicales ne sont pas forcément réunies en un seul et même individu : les aspirants administrateurs aux Conseils de surveillance des fonds sont souvent davantage des techniciens que des politiques. Ainsi, le délégué syndical central CFDT d’un groupe chimique franco-allemand déplore que ses mandatés aient tendance à «oublier» un peu facilement leur appartenance syndicale au moment de l’expression des votes.

Le projet d’épargne salariale est souvent porté par une seule personne : si au gré d’une externalisation, d’un départ à la retraite ou d’un décès, l’animateur en charge du dossier est «sorti» du périmètre de l’entreprise, il n’y a tout simplement plus de relais, et le dossier tombe en désuétude. En tout état de cause, le grand isolement de la personne responsable complique l’émergence d’une revendication claire.

Surtout concernés par l’intéressement au moment du versement de la prime, les salariés ont tendance à «s’accoutumer», à peu à peu considérer ces éléments aléatoires com