Le changement organisationnel devenu quasi-permanent, sous-tendu par un objectif de réduction des coûts et de réactivité maximale, et qui génère une surcharge de travail chronique pour tous les salariés a d’ailleurs été qualifié par Philippe Askenazy de « productivisme réactif » (Les désordres du travail. Enquête sur le nouveau productivisme, Le Seuil/La République des Idées, 2004. Si ce diagnostic est désormais admis pour les entreprises, cette recherche montre que les administrations sont désormais concernées, même si l’on parle davantage de réformes que de restructurations ou de réorganisations dans ces contextes. Mis les uns à côtés des autres, les matériaux récoltés par les équipes révèlent d’ailleurs des contextes de travail plus pathogènes que d’autres, notamment quand l’incertitude sur l’avenir professionnel se combine à cette désorganisation du travail. Comment expliquer cette « redécouverte » de l’activité de travail réelle par les collectifs syndicaux de cadres, alors qu’elle est généralement niée par les cadres menant eux-mêmes ces réorganisations ?

Pour mieux comprendre le diagnostic largement partagé de surcharge de travail des cadres, les équipes ont réalisé une minutieuse description du contexte général dans lequel les cadres s’inscrivent, ce qui donne à voir des « réorganisations » menées généralement sans prise en compte du travail réellement réalisé par les salariés, cadres et non-cadres.

Un déni de l’activité réelle

Certaines tâches administratives se sont par exemple rajoutées dans les emplois du temps des cadres, notamment en position d’encadrement ou de coordination (chef de projet, chef d’équipe). Cette inflation de tâches considérés par beaucoup comme « annexes » par rapport à leur activité principale, s’explique par les effets secondaires des nouvel