Toute stratégie d’entreprise vise, par définition et de façon générique, à maîtriser l’environnement et à anticiper son évolution, ce qui revient à cibler les objectifs de marché (quelle demande satisfaire ?) et les allocations de ressources (quelle offre faire ?).

Longtemps considérées comme l’apanage du management, les stratégies sont aujourd’hui bouleversées par l’irruption de nouvelles logiques actionnariales qui viennent contester les pratiques établies et déterminer de nouvelles modalités d’intégration des dimensions économiques et financières.

Les mutations dans les préoccupations stratégiques qui font l’objet de cet article ne sauraient cependant être interprétées en terme d’opposition binaire entre finance et économie ou entre long terme et court terme. De tout temps et aujourd’hui encore, la décision stratégique est en effet faite de choix économiques, de prise en compte des dimensions financières et d’arbitrages entre court et long terme. C’est donc plutôt en termes de nature de l’intégration de ces différentes dimensions que nous questionnerons ici les nouvelles logiques de comportements stratégiques, les nouveaux outils de gestion et les nouvelles régulations.

Le contexte : accroissement du pouvoir actionnarial et nouvelles normes de rentabilité

Les changements perceptibles portent à la fois sur le type d’actionnariat et son comportement.

D’une part on assiste au développement d’une nouvelle intermédiation financière dans laquelle des actionnaires à caractère institutionnel (fonds de pension, institutions gestionnaires des fonds d’épargne) mettent en relation des actionnaires individuels et les entreprises. Cette évolution est qualifiée par Michel Aglietta de « capitalisme patrimonial »1.

D’autre