« Quand les entreprises publiques sont privatisées et licencient, l’ingénieur devient consultant... ou vendeur de hot-dogs devant son ancienne entreprise ». Orlando est amer. Professeur à l’Université catholique de Rio, il constate que les jeunes diplômés ont aujourd’hui du mal à trouver un emploi et que les cadres confirmés qui perdent le leur n’ont aucun espoir d’en retrouver un. « Les entreprises mettent des barrières à l’emploi des jeunes et poussent les anciens vers la retraite de plus en plus tôt » commente-t-il. Il n’y a que très peu d’embauche dans la période dans les entreprises d’Etat, jadis grandes pourvoyeuses de postes. Une banque qui offrait dix postes de cadres, de l’informaticien à l’économiste, a reçu quatre mille lettres de candidature.

D’une façon générale le secteur industriel a tendance à ne pas embaucher directement mais par l’intermédiaire de sous-traitants. Le secteur de conception de projets (barrages, ponts, ouvrages d’art, routes, autoroutes, ports, aéroports) représentait un débouché important pour les ingénieurs, mais il se réduit. « Ce qui dégrade la situation des ingénieurs, c’est que ce pays n’est pas producteur de technologie » continue Orlando. « La production scientifique, mesurée par le nombre d’articles de recherche et celui des citations, est plus forte que la moyenne mondiale et a doublé en dix ans. Mais elle ne se traduit pas en termes de brevets, où la position brésilienne est faible. C’est pourquoi le Gouvernement a lancé un plan de coopération université/entreprises, financé par la Banque Mondiale, pour faire progresser le secteur de la recherche appliquée. L’aide apportée par la puissance publique étant différente d’un Etat à l’autre, les entreprises ont tendance à concentrer leurs forces dans les Etats les plus généreux, qui sont aussi les plus prospères, et ainsi on assiste à une concentration de l