La plupart des inspecteurs travaillent en « section de contrôle », c’est-à-dire sur le terrain. Ils accomplissent une mission que l’on pourrait définir de deux façons : si l’on s’en tient aux opérations ponctuelles, il s’agit stricto sensu d’opérations de police, où les inspecteurs ont pour tâche de faire respecter le droit et peuvent verbaliser les contrevenants. Ils agissent de leur propre initiative ou, le plus souvent et faute de temps et d’effectifs, interviennent sur la demande des salariés. Si l’on raisonne d’une façon plus large, on comprend que ces interventions ponctuelles, au demeurant capitales pour lutter contre les abus, participent d’une mission de régulation. L’existence de ce corps d’inspection contribue à stimuler les entreprises pour respecter les normes de sécurité et le droit du travail.

Naissance d’une mission

A l’origine, c’est à la protection physique des travailleurs que se sont surtout consacrés les premiers inspecteurs. Tout commence dans les années 1830, quand un certain nombre de voix s’élèvent pour dénoncer les conditions de travail effrayantes des mines et des usines de la révolution industrielle. La Monarchie s’en émeut, et commande en 1839 un rapport au docteur René Villerme. La loi du 22 mars 1841 en est la traduction directe. Elle s’attache à édicter quelques règles (comme l’âge minimum de 8 ans pour travailler…) et crée l’amorce d’une inspection du travail. Mais les inspecteurs n’ont guère les faveurs des travailleurs, qui voient dans ces « messieurs » des complices des patrons ; quant à ceux-ci, ils y voient une intolérable immixtion dans leurs affaires…

Il faut attendre la loi sur le travail des enfants et des filles mineures dans l’industrie, en 1874, pour que soit créé un véritable service d’inspection, dont les quinze