En lisant les témoignages apportés par les membres du groupe Jeunes cadres sur leur engagement, j’y trouve un certain nombre de points communs. Il me semble que le milieu familial est le premier élément qui détermine l’engagement à venir. Lorsque ses parents sont engagés dans une association, un syndicat ou un parti politique, il paraît assez naturel de suivre leurs traces. Ensuite, c’est souvent au lycée que se fait le premier contact avec le mouvement syndical. Ce contact peut se prolonger à l’université et enfin dans le monde du travail. Il y a là un cheminement logique.

Pour ma part, je me rends compte, en essayant d’analyser mon « non-engagement », que je n’ai à aucune de ces étapes rencontré quelqu’un ou quelque chose qui m’ait donné envie de m’engager .

Tout d’abord, il n’y avait dans ma famille aucune tradition d’engagement de quelque sorte : mon père était militaire et ma mère femme au foyer. Nous vivions assez repliés sur nous-mêmes. Ensuite, j’appartiens à une génération, celle née entre 1953 et 1963, que je qualifierais de l’entredeux : entre la génération du baby boom et celle des années 70. Ma génération s’est construite à l’adolescence sur l’idée suivante : nous arrivions trop tard. Nous avions manqué l’événement majeur de cette deuxième moitié du vingtième siècle : mai 68. A quoi bon essayer de refaire ce qui avait déjà été fait ? Jamais nous ne pourrions revivre un tel souffle de rébellion et de liberté.

La première manifestation lycéenne à laquelle je participai s’opposait, je crois, à la loi Haby. Je ne comprenais pas réellement ce qui se passait, mais j’avais envie de vivre quelque chose d’un peu excitant. On criait alors « On viendra à bout d’Haby ! » mais surtout « 5 ans déjà, coucou nous revoilà ! ». C’est dire combien mai 68 était notre unique référence. Je m