Dès l’instant qu’on se pose la question « existe-t-il un modèle européen de formation des ingénieurs ? », on a la réponse : non, sinon on ne se serait pas posé une telle question. Alors, abordons le problème un peu différemment et demandons-nous quels types de système de formation d’ingénieurs (mais il me semble que cela serait aussi valable pour d’autres formations) existent de par le monde. Je n’ai pas la prétention d’être universel, et comme je n’ai pas encore eu l’occasion de me pencher sérieusement sur le fonctionnement des formations dispensées dans le sud-est asiatique, je les omettrai volontairement. Nous allons donc nous limiter au système américain et aux systèmes européens, ce qui concerne déjà pas mal d’ingénieurs de par le monde.

Particularismes et analogies

Si l’on veut trop rentrer dans les détails, seul un catalogue de plusieurs tomes permettrait de décrire la situation actuelle : tant de systèmes, tant de détails de fonctionnement, tant de particularismes, gérés dans tous les pays par une université qui doit sans arrêt composer avec le poids d’une histoire qui avoisine le demi-millénaire et une action qui se situe en partie dans le monde de demain, tant de différences, font que pratiquement tous les cas possibles et imaginables existent. Nous allons donc essayer de faire œuvre de scientifique et regrouper ce foisonnement de systèmes en quelques catégories seulement. Bien sûr, le regroupement sera forcément grossier, mais il ne sera pas caricatural. Il fera peut-être sourire les puristes, mais il est bon parfois d’être simplificateur tant que l’on n’est pas réducteur.

Tout d’abord, nous remarquons que dans tous les pays du monde, il faut environ quatre mille cinq cent heures pour former un ingénieur diplômé (nos fameux bac + 5) après l’enseignement secondaire. Parfo