Au Brésil, dix-sept fois plus grand que la France, la réforme agraire est une question explosive. En participant en qualité d'invité pour représenter la FGA-CFDT, au 7ème congrès de la CONTAG-CUT (organisation des travailleurs ruraux, salariés, paysans sans-terre, agriculteurs) à Brasília, durant une semaine, j'ai eu l'occasion de rencontrer des acteurs, des victimes, des otages de cette réforme agraire qui avance de façon tout à fait inégale selon les régions du Brésil.

Pour le lecteur européen, il n'est peut-être pas inutile de souligner que plus de 75 % des projets de réforme agraire, durant ces dix dernières années, concernent la région nord du pays, zone où les terres sont sans doute moins propres à l'agriculture du fait de la chaleur et du manque d'eau.

De même il faut noter que si en Europe posséder mille hectares de terre agricole est déjà exceptionnel, au Brésil il n'est pas rare de voir un propriétaire posséder plus de vingt mille hectares.

Les écarts de situation dans l'agriculture sont extrêmes, comme tout au Brésil. La misère est aussi bien rurale qu'urbaine.

Parmi les responsables syndicaux que j'ai rencontré, un certain nombre assure la responsabilité de coordonner les occupations de terre dans la perspective de produire de nouvelles exploitations agricoles au bénéfice de travailleurs aujourd'hui sans occupation, sans revenu. Nous avons eu l'occasion d'ailleurs de nous rendre à Carapacu (à une heure de route de Brasília) auprès d'une trentaine de familles qui ont obtenu la légalisation de leurs terres, après un an d'occupation illégale.

Otages et grandes manœuvres

Il est manifeste que, si tous les paysans sans terre aspirent à avoir un travail, un revenu à partir de l'agriculture, un grand nombre sont les victimes ou les otages d'intérêts