Jean-Paul Veuillez est responsable de la formation continue à l’Ecole des Mines d’Alès : une de ces « petites mines », comme on dit chez les ingénieurs, qui faute de pouvoir rivaliser avec les têtes de file ont dû apprendre à former des élèves aux qualités moins évidentes que celles des polytechniciens ou des centraliens. Ce sont chez elles que l’on trouve les pédagogies les plus innovantes, les stratégies les plus inventives : il leur faut se battre en permanence pour prouver leur qualité, et pour trouver les moyens de leur développement. La formation continue, dès lors, représente pour ces écoles une opportunité, mais aussi un nouveau défi : en prenant le pari de transformer les titulaires d’un BTS ou d’un DUT en ingénieurs, elles perpétuent une tradition de rattrapage, tout en s’affrontant à des populations qui ne sont pas passées par le canal classique des prépas. Devenir ingénieur, pour ces jeunes gens de 25 à 35 ans en moyenne, c’est bien souvent une revanche sur les études, ce peut être aussi un défi personnel, ou simplement le prolongement naturel d’un parcours un peu plus long que la normale. C’est quelquefois une histoire de géographie : les Mines d’Alès forment ainsi des étudiants étrangers. C’est, surtout, un énorme investissement : durant deux ou trois ans, la formation représente plusieurs centaines d’heures par an, soit une vingtaine d’heures par semaine – en plus du travail salarié ! Jean-Paul Veuillez note d’ailleurs que les étudiants, la plupart du temps, commencent leur formation en continuant à travailler à temps plein, mais qu’ils passent souvent à trois quarts temps au bout d’un an. Trop lourd : mais l’équation temps / salaire n’est pas toujours facile à gérer, et tous ne peuvent se permettre de sacrifier une partie de leurs revenus. Il faut bien comprendre que les jeunes salariés qui s’engagent dans ces formations ne trouvent