En 2002, dans cette même revue Cadres CFDT1 j’émettais l’hypothèse que les cadres pouvaient être, dans le contexte de la mise en œuvre des 35 heures, des « agents de diffusion de l’équilibre entre travail et hors-travail ». A l’appui de cette hypothèse, j’avançais le fait que les jeunes cadres étaient, selon une enquête de l’Institut de l’Entreprise, 79% à penser que la réduction du temps de travail (RTT) allait avoir un impact sur l’équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie hors travail.

Sachant que les cadres devaient être les acteurs principaux de la mise en œuvre des réformes sur le temps de travail, je fondais mon hypothèse, d’une part sur cette sensibilité – confirmée par d’autres études (cf.infra) - des jeunes cadres à l’équilibre entre les temps sociaux, d’autre part sur le fait que les lois Aubry laissaient de larges marges de manœuvre au regard des modalités que pouvait recouvrir la RTT et augmentaient celles relatives à une plus grande autonomie dans l’articulation des temps sociaux sur l’ensemble de la vie (Compte Epargne Temps – CET).

L‘emprise du travail sur les temps de vie

Au vu des résultats de l’enquête « Travail et TempS », il semble que cette hypothèse soit loin d’être vérifiée, tout au moins pour les intéressés eux-mêmes.

En effet, qu’il s’agisse du temps qu’ils peuvent consacrer à des activités associatives, militantes, ou à des sports collectifs, qu’il s’agisse de leurs temps familiaux ou domestiques ou encore de leurs temps de loisirs personnels, seulement aux alentours d’un tiers des répondants jugent la situation satisfaisante. Pour les autres, ces temps sont jugés « trop courts » (là également un autre bon tiers des répondants), soit « beaucoup trop courts » (entre