On a pu dénoncer la vision trop exclusivement actionnariale de ces nouvelles normes. Le système proposé n’a pourtant pas que des désavantages ?

Non, bien sûr ; les nouvelles normes comptables ont même des avantages évidents : en allant dans le sens de l’unification, ou tout au moins d’une plus grande cohérence des différents systèmes comptables, elles vont permettre une meilleure lisibilité et une plus grande fiabilité des comptes consolidés. Dans un marché globalisé, il est bon d’avoir enfin des règles uniformes pour la consolidation et la déconsolidation : telle est la leçon des affaires récentes, notamment Enron et Worldcom. Cela permet aux entreprises de parler le même langage, d’une certaine façon ; et par là d’être évaluées selon une grille plus cohérente.

Le débat porte en fait davantage sur les termes de l’évaluation, et notamment sur l’affirmation d’une logique de marché. Il convient cependant d’être précis. Cette notion de fair value, appelée aussi « juste valeur », qui est au centre des débats, fait moins référence à une valeur de marché qu’à une « valeur économique ». Cette valeur économique est liée à une conception de marchés efficients, dans lesquels les évaluations publiques des marchés sont censés découvrir la valeur fondamentale des actifs financiers. Le problème, c’est que si le marché constitue très certainement un indicateur de la valeur, de sérieux problème se posent. D’une part, les marchés n’ont pas une liquidité parfaite et sont donc affectés de mimétisme pour tenter d’estimer le degré de liquidité et non pas la valeur fondamentale. D’autre part, les marchés ne sont pas complets. Bien sûr, il existe des moyens techniques de simuler le marché, des modèles mathématiques qui ont été élaborés dans certains marchés de gré à gré où la liquidité est insuffisante. Ces modèles déterminent des évaluations d