Les récentes catastrophes industrielles – AZF, Métaleurop, Prestige, pour ne parler que du contexte national – ont pour origine de graves dysfonctionnements. Elles suscitent aussi chez les citoyens des regards et des comportements nouveaux : méfiance, colère, rejet… L’industrie en vient à vivre dans l’opprobre. Aussi légitimes que puissent être ces réflexes, ils sont à leur tour facteurs d’excès et posent la question de la relation de notre société, non pas seulement au risque, mais aussi au travail industriel. Ils amènent ainsi à s’interroger sur la relation nouvelle de l’homme au travail et sur le fait que l’exigence du « zéro mort » se substitue aujourd’hui à cette « fatalité du métier » qui a prévalu depuis l’avènement du machinisme et de l’industrialisation.

Le risque zéro n’existe pas. Il n’est qu’une vue de l’esprit, probablement née de la formule caricaturale et fallacieuse du « zéro mort » utilisée pendant la première Guerre du golfe. On sait aujourd’hui ce qu’il en est de ces images aseptisées, relayées en leur temps par les médias. Le risque est partout. Il est une composante constante de notre quotidien : naturel, technologique, industriel, alimentaire, sanitaire, domestique, automobile... Bien entendu, il faut faire en sorte de le minimiser ou d’en minimiser les conséquences… Mais il faut faire avec ! La question serait davantage celle du comment : la gestion classique du risque, par les seuls experts, hiérarchies ou autorités a montré ses limites, contribuant bien souvent à provoquer en retour un rejet sans distinction des risques industriels. L’appropriation de cette notion par les citoyens, même approximative, rudimentaire et empreinte de méfiance, incite à réfléchir sur les conditions d’une approche nouvelle des risques, qui ne se limite plus à la seule expertise technologique, à quelque calcul mathématique ou à quelque f