Revoir la norme de travail à temps complet, parvenir à ce que les temps familiaux et les temps professionnels soient mieux articulés, mettre un terme à la multiplication des temps partiels qui alimentent le nombre de travailleurs pauvres, mettre en place des congés spécifiques réservés à certains usages (jeunes parents, formation, prise en charge de vieux parents dépendants) : ces réformes n’amélioreront pas que le sort des femmes mais bien celui de tous les travailleurs. Permettre aux hommes et aux femmes de consacrer un peu plus de temps à leurs proches : cela pourrait constituer un investissement essentiel pour la société toute entière. C’est pour cette raison que repenser la question des temps sociaux à partir des contraintes particulières que connaissent les femmes mais aussi de leurs aspirations spécifiques apparaît particulièrement prometteur aujourd’hui.

En France, les femmes ont gagné une première manche en matière d’émancipation. Le modèle traditionnel qui les voyaient s’arrêter de travailler au moment où elles avaient des enfants s’est effacé : désormais, la majorité des femmes continuent à travailler lorsqu’elles ont des enfants et leurs taux d’activité n’a cessé d’augmenter depuis les années soixante-dix. La France excite même les convoitises aujourd’hui avec ses taux de fécondité dont le caractère élevé, depuis 2000, ne se dément pas : pourquoi diable un pays qui va si mal continue-t-il à faire des enfants ? En France, les femmes ne sont pas sommées de choisir entre travailler et avoir des enfants (comme en Allemagne par exemple), et elles continuent donc d’en avoir. Nous consacrons des moyens importants à une politique familiale relativement accommodante dont l’un des effets est paradoxalement aujourd’hui de permettre d’assez bons taux d’emploi féminins, au moins en moyenne.

Mais notre modèle présente néanmoins des défauts : au lieu de permet