Une part importante du travail social et médico-social est faite d’attention(s), d’écoute, de disponibilité à l’autre, de souci de son bien-être. Cette part du travail réel est difficile à évaluer comme à quantifier, elle n’est pas congruente aux cadres de références financiers et gestionnaires qui ont progressivement infiltré les champs du soin et de l’aide aux personnes. La spécificité de ces métiers et l’importance de leur contribution sociale sont alors méconnues ; ses professionnels pâtissent d’un défaut de reconnaissance1.

Nous présenterons ici la perspective du Care, qui propose un cadre de référence alternatif à celui du « cure » et de la gestion. Elle pose un regard attentif sur les pratiques professionnelles comme sur celles et ceux qui les réalisent et permet de mieux appréhender la réalité et la valeur de ce travail. Nous présenterons un dispositif original, le « baluchonnage », porté par Baluchon Alzheimer Québec, un exemple d’organisme employeur cohérent avec l’éthique du Care.

La perspective du Care : un levier pour la reconnaissance du travail médico-social

Justifions d’abord le maintien du mot anglais Care : il n’existe pas de terme français capable d’en rendre la richesse sémantique. Le verbe to care désigne à la fois : prendre soin, s’occuper de, se soucier de, porter attention, soigner et aimer. C’est ce qui rend ce mot intraduisible en français : il inclut la dimension d’engagement personnel et affectif dans le « prendre soin ». Il implique aussi une posture éthique, le souci de l’autre, et politique : quand ce souci de l’autre s’élargit du proche au lointain. Cette approche permet d’envisager autrement le travail social et médico-social, ainsi que son management… terme anglais que nous ch