La modification des équilibres entre les générations caractérisée par un vieillissement global de la population est connue et mesurée depuis longtemps et ce même si la société ne semble pas s’y être préparée. Elle est liée à deux phénomènes bien identifiés, celui de l’allongement de la vie grâce aux progrès scientifiques et médicaux et au phénomène démographique du baby-boom qui a vu naître des cohortes importantes après-guerre, arrivant désormais à l’âge de la retraite. Pour décrire à grands traits le paysage, il faut savoir qu’en 2030, 30 % de la population française aura plus de soixante ans mais, surtout, aura en moyenne une espérance de vie de trente années. C’est un fait social inédit dont les effets se feront sentir jusqu’en 2050 environ pour s’atténuer ensuite. Les médias en parlent beaucoup en termes de protection sociale, de solvabilité des régimes de retraite. Il se développe ainsi un discours anxiogène qui évoque cette nouvelle donne uniquement en termes de risques et de coûts. Pourtant, si nous observons les bouleversements qui s’opèrent dans les relations entre les individus notamment à travers l’usage de tous les objets connectés, si nous sommes capables de construire demain un nouveau modèle social assis sur un financement dont la base ne serait plus uniquement le salaire, alors le vieillissement de la population pourrait être un des éléments de la richesse sociale et économique. Cette évolution, couplée à celle du numérique et à une forme d’économie collaborative qui émerge dans tous les secteurs, pourrait se traduire par un mieux-être des usagers concernés (les plus âgés), par un gisement d’emplois nouveaux ainsi qu’une activité globale boostée par ce qu’on appelle la silver économie.

Nous regardons encore trop souvent ce phénomène démographique avec les lunettes du passé : « les âgés vont être une charge pour la société », «