Comment vous appuyez-vous sur le métier pour faire évoluer les salariés dans leur emploi ?

Dominique Massoni La profession définit un ensemble de personnes exerçant un même métier. Elle décrit un mode d’organisation sociale. Le métier recouvre l’ensemble des savoir-faire nécessaires pour la réalisation de tâches, au sens où celles-ci ne sont ni élémentaires ni répétitives. Les organisations de travail traditionnelles ont dénaturé la notion même de métier en réduisant les compétences nécessaires pour accomplir les tâches, elles-mêmes standardisées et parcellisées. Travailler la question du métier, c’est s’opposer à une conception taylorienne du travail et à une approche prédéterminée de l’activité. Mon travail de responsable en ressources humaines (RH) consiste ainsi à veiller à ne pas enfermer les salariés dans un poste, un emploi ou un statut. Réintroduire la notion de métier passe par la prise en compte des compétences techniques (différentes des compétences comportementales) pour analyser la manière dont elles s’acquièrent. Dans un secteur comme celui de l’industrie chimique où j’interviens, le savoir-faire technique est fondamental pour la majorité des salariés. De plus, le métier se bonifie avec le temps. La notion d’apprentissage est une notion-clé qui se traduit par des étapes qui, par analogie ou compagnonnage, s’apparente à celle de l’apprenti, du compagnon, du maître… Prenons le passage cadres par exemple. Il a longtemps perduré dans l’entreprise un processus de « cadration » très traditionnel. Un comité de sages se réunissait pour valider les salariés non-cadres qui pouvaient accéder chaque année à ce statut. La décision se prenait trop à distance de l’activité réelle et « produisait » des cadres en ne verrouillant pas totalement l’accès à ce niveau. Aujourd’hui, nous favorisons la promotion interne à partir de l’expérience professionnelle, en lien avec l