De manière générale, les TPE sont tournées vers l’économie locale. Elles œuvrent notamment dans le commerce (22 % des TPE), les services aux entreprises (20 %) et la construction (17 %). Même si l’industrie est traditionnellement associée à de grosses usines, 7 % des TPE, soit plus de 150 000 unités, y exercent. Elles interviennent notamment dans la fabrication de produits de boulangerie-pâtisserie et de pâtes alimentaires (35 000 unités), la production, le transport et la distribution d’électricité (14 600), l’imprimerie (10 000), la réparation d’ouvrages en métaux, de machines et d’équipements (9 800)1.

Les salariés du secteur privé travaillent aujourd’hui dans des entreprises plus grandes qu’il y a trente ans, quel que soit le secteur d’activité. Cette évolution s’est faite au détriment des entreprises de taille moyenne, alors que les petites entreprises concentrent toujours autant de salariés.

Cependant, cet accroissement de la concentration de l’emploi s’est accompagné d’une diminution moyenne de la taille des lieux de travail. Cette situation résulte de deux mouvements opposés : baisse de l’emploi dans les grands sites industriels, forte progression de l’emploi dans le secteur des services au sein de petits établissements.

Les TPE-PME sont-elles grandes créatrices d’emploi, en tout cas plus que les grands groupes ? Tous les établissements ne contribuent pas également aux variations de l’emploi. Le centre de gravité des créations d’emplois s’est déplacé vers les unités de petite taille. Pour une progression de 23,5 % dans l’ensemble du champ de l’assurance-chômage, les établissements de moins de dix salariés ont créé 62 % d’emplois supplémentaires entre 1976 et 2006 (Jean-Louis Dayan, 2008).

La relation entre création d’emploi et taille d’entreprise est inversée, de sorte que le taux de création diminue avec la taille, et tend à devenir négatif au-dessus de cinq cents salariés.

Parmi les facteurs qui peuvent expliquer cette transformation, on peut évoquer l’augmentation des créations d’entreprises, la tertiarisation de l’économie avec des secteurs affichant des tailles moyennes d’entreprises plus faibles que dans l’industrie, l’externalisation et la préférence des entreprises pour la constitution de groupes ou réseaux d’unités de taille modeste2.

Cependant, les statistiques manquent concernant les TPE. Les groupes moyens et grands sont des acteurs décisifs de la destruction-création d’emplois. C’est le plus souvent eux qui sélectionnent et propulsent les entreprises de cinquante à cinq cents salariés (les fameuses gazelles), en même, temps, revers de la médaille, qu’ils écrèment et détruisent d’autres unités. « Nous sommes loin de la caricature qui veut que seules les petites entreprises indépendantes soient à l’origine des créations d’emplois en France » indique un économiste du cabinet Xerfi3.

Havre de paix ou arène conflictuelle ?

Si l’on s’intéresse à la conflictualité sociale dans les petites entreprises, deux opinions communes se contredisent. La première tend à considérer que les petites entreprises, du fait de leur taille, de la proximité entre le dirigeant et les salariés - et de tout un ensemble de caractéristiques plus ou moins claires - seraient des havres de paix sociale. Les conflits n’y dureraient jamais bien longtemps. Ils ne résisteraient pas à la franche explication entre les protagonistes de sorte que l’harmonie se rétablirait spontanément.

A l’opposé de cette conception se trouvent les opinions les plus critiques qui réduisent les petites entreprises à un modèle de libre expression de l’arbitraire patronal. Plus qu’ailleurs, les salariés y seraient exposés aux pires effets de l’asymétrie de pouvoir de la relation salariale et au lien de subordination.

Si l’une comme l’autre de ces deux conceptions pêchent par simplification, la taille pour comprendre la conflictualité sociale dans les entreprises est essentielle4.

1 : Cf. Insee Focus n°24, mars 2015.

2 : Cf. Frédéric Rey (ss dir.), Construire un syndicalisme de proximité pour les petites entreprises, Ires / CFDT, 2014.

3 : Alexandre Mirlicourtois, avril 2016.

4 : Cf. Construire un syndicalisme de proximité pour les petites entreprises, op. cit.