Les cadres sont à l’interface entre l’entreprise et son environnement, sans cesse en traduction, interprétation… Comment promouvoir des comportements coopératifs ?

Bénédicte Tilloy. Je travaille sur ce qu’on pourrait appeler les nouveaux rôles professionnels. Prenons l’exemple du manager. Pendant longtemps, il a été celui qui détenait et diffusait l’information auprès des équipes. A partir du moment où les collaborateurs ont accès à l’information par l’intermédiaire des réseaux sociaux, il perd un rôle d’informateur. Un salarié qui parle de son entreprise sur le web, une circulaire dématérialisée qui parvient à une foule de personnes, des messages instantanés qui circulent vite. A l’heure du big data, comment retenir l’information ? Une autre évolution touche les managers. La native génération est aujourd’hui dans l’entreprise, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années encore. Et la population active voit son niveau de qualification monter sans cesse. Résultat : le manager se voit dépouiller d’une partie de son expertise.

Il faut alors qu’il se repositionne sur un rôle qui est très difficile, celui de régulateur. Un rôle qui fait monter ce qu’on appelle le collaboratif et l’intelligence collective. Il ne s’agit pas seulement de mettre les gens autour d’une table et les faire s’exprimer. Je parle de techniques bien particulières, de savoir écouter, de savoir faire travailler les collaborateurs ensemble dans le but de produire un résultat qui va être regardé… Et dont le manager va pouvoir être responsable.

Les réseaux sociaux et la masse d’information disponible questionnent les positions de chacun mais permettent également de se repositionner. Les réseaux remettent en face-à-face les individus. Ils « déflatent » le jeu organisationnel. Ils permettent de se comprendre mieux sur des situations réelles pour lesquelles les