Périodiquement, en France, les gouvernements successifs éprouvent le besoin de définir ou de redéfinir une politique de développement des technologies et de l’innovation. Ils s’appuient pour cela sur des rapports de mission confiés à des experts. Le dernier en date est celui d’Henri Guillaume (mars 1998) « Rapport de mission sur la technologie et l’innovation », à la demande de Claude Allègre, ministre de l’Education nationale de la Recherche et de la technologie, et de Dominique Strauss-Kahn, ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie. Il est sans doute de bon augure que ces différents ministères soient associés à la définition d’une politique concernant la technologie et l’innovation. Tout dépendra cependant de la manière dont s’établiront les relations entre ces différents acteurs.

Les diagnostics récents, ceux de ce dernier rapport et d’autres, en particulier celui du Commissariat Général au Plan, et celui de l’Observatoire des Sciences et des Techniques, sont dans l’ensemble convergents : force de la recherche dans le secteur public, faiblesse du développement des techniques et de l’innovation dans le secteur privé, et relations à améliorer entre le public et le privé. Ce n’est pas le lieu ici de développer ces différents traits, déjà connus, du système français.

Me référant plutôt à des recherches récentes impliquant la France, l’Allemagne et le Japon, je proposerai quelques réflexions sur les acteurs de l’innovation au sein des entreprises. Ceci apparaît en effet comme l’une des lacunes des rapports d’experts que je viens d’évoquer et qui me semblent adopter les positions de l’économie classique où les acteurs sont le plus souvent absents, au bénéfice de données structurelles, souvent macroéconomiques, susceptibles de modélisation ou de formalisation économétriques. Dans ce cas les « acteurs » concrets sont ré