S’il n’est pas contestable que la crise que nous traversons prend ses origines dans des règlements financiers, il n’est pas contestable non plus que cette crise est révélatrice de bien d’autres choses que des dérèglements économiques. Comme la CFDT le disait déjà à la fin des années soixante-dix, ce n’est pas simplement une crise économique que la société traversait, mais une mutation profonde. Il en est de même aujourd’hui. Si nous analysons la crise que comme une crise financière et économique, nous ne produirons de réponses que dans ces domaines. Elles sont nécessaires certes. Mais largement insuffisantes. Nous vivons une mutation profonde de la société à l’échelle mondiale qui nécessite d’approfondir largement les analyses pour prolonger les éléments de réponse.

C’est compliqué pour partie parce que nos modes de représentation de la société, qu’il s’agisse des modes de représentation politique, associatif ou syndical, sont inadaptés.

Ces modes de représentation se sont construits dans une période où les espaces du développement économique, de la construction du politique et du social étaient superposés, et ce dans l’espace des Etats-nations. Mais sous l’effet notamment du développement démographique à l’échelle de la planète, des besoins croissants des populations qui sont restées à l’écart du formidable développement économique des années d’après guerre, l’économie est sortie de son périmètre d’action que constituaient les État-nations, pour se développer dans le cadre de périmètres nouveaux à géométrie variable. Le point commun de ces périmètres ou espaces est qu’ils n’existent ni politiquement ni socialement. Le seul qui fait exception c’est l’Europe que nos modes de représentations anciens sont incapables de défendre et de faire progresser aujourd’hui. Et c’est vrai aussi pour le syndicalisme, y compris pour la CFDT qui n’a pas été plus capable que les autres d’entraîner les salariés