Les souffrances au travail, le retrait et le désengagement, l’ironie et le cynisme dans l’entreprise signalent, à leur manière, le désajustement entre l’entreprise telle qu’elle fonctionne aujourd’hui et les attentes de la collectivité.

Dans le même temps, un foisonnement d’idées et de pratiques innovantes suggère que notre société est à la recherche de nouvelles formes d’entreprises porteuses d’un projet alternatif de société et de développement économique. Le contrat d’entreprise, prôné par A. Hatchuel et B. Segrestin, s’inscrit dans cette logique. Le social business aussi : tel qu’il est promu par Muhammad Yunus, il consiste à reconnaître et à institutionnaliser une définition à la fois plus complexe et plus équilibrée de la valeur et de la performance. Gourou iconoclaste du management, Henri Mintzberg voit dans les formes alternatives d’organisation portées par les mouvements sociaux (coopératives, associations, organisations non lucratives) le ferment d’innovations qui ont vocation à diffuser plus largement. L’intérêt porté à l’économie sociale et solidaire, qui se traduit par la renaissance d’un ministère dédié dans le gouvernement Ayrault, traduit la même aspiration.

Ces recherches et propositions sont essentielles. Toutefois, l’expérience suggère que les cadres juridiques et formels n’ont qu’un impact limité sur les pratiques de gestion. On sait par exemple que le statut des sociétés coopératives et participatives (SCOP) ne garantit pas un fonctionnement démocratique : combien de SCOP, associations ou mutuelles ont connu des dérives qui les rapprochent des pratiques managériales dominantes ? De la même manière, des outils de gestion présentés comme nouveaux ne sont pas nécessairement porteurs de changement. Par exemple, la notion de responsabilité sociale d’entreprise est présentée comme une réponse aux attentes du corps social. Est-elle clairement définie&nbs