Aux yeux d’un public international, la politique familiale de la Suède suscite tantôt l’admiration, tantôt la curiosité.

Dès le début des années 1970 une idéologie d’égalité des sexes est officiellement adoptée au niveau politique, fondée sur le principe de la double émancipation, ce qui signifie une participation égale de la femme et de l’homme au revenu du couple, conjuguée à un partage égal des charges familiales et domestiques.

Autrement dit, les femmes s’émancipent par le travail salarié, et les hommes par la paternité active. L’objectif d’un engagement accru des pères dans la sphère familiale a nécessité un remaniement de la politique familiale dans son ensemble, afin d’offrir les possibilités concrètes pour les pères de s’investir dans la prise en charge des enfants. Il s’est concrétisé sur le plan législatif par l’instauration d’un congé parental en 1974, ouvert aux deux parents.

Parmi les objectifs associés à ce nouveau dispositif, l’égalité des sexes sur le marché du travail et dans la vie familiale et le bien-être de l’enfant occupent une place centrale1.

Un congé parental conçu comme une assurance parentale

A partir des années 1970, le couple parental bi-actif devient la référence pour la politique familiale. A ce titre, le congé parental incite les parents à exercer une activité professionnelle avant et après la naissance.

Les taux d’activité sont en effet élevés en Suède : 81 % des femmes sont actives (et 86 % des hommes) 2. Le congé parental a alors été conçu comme une assurance parentale : les parents actifs sont assurés contre une éventuelle perte de revenu liée à l’arrivée d’un enfant. Le niveau d’indemnisation est d’ailleurs calqué sur celui de l’assura