La rédaction : RSF dénonce vingt pays comme «ennemis d’Internet». Quels sont les critères qui vous font les qualifier ainsi ? Est-ce le monopole d’Etat de la fourniture d’accès ?

Laetitia Ferreira : Ce ne serait pas un critère suffisant. Environ quarante-cinq pays connaissent un monopole d’Etat du fournisseur d’accès à Internet mais ils ne restreignent pas forcément cet accès. Ainsi par exemple le Portugal n’a qu’un seul fournisseur d’accès mais on ne peut pas dire qu’il y ait censure puisque l’Etat n’empêche pas les connexions au réseau.

L.r. : C’est quand l’Etat bloque les connexions ?

L.F. : Sous couvert de protéger le public d’« idées subversives » ou de « garantir la sécurité » ou « l’unité » du pays, certains de ces régimes interdisent totalement à leurs citoyens l’accès à Internet. Ainsi, la Corée du Nord, l’Irak, la Libye ne sont pas connectés au réseau mondial. En Syrie, l’accès au réseau est officiellement interdit aux particuliers.

D’autre gouvernements contrôlent le ou les fournisseurs d’accès, ont mis en place des filtres qui bloquent les sites jugés indésirables ou obligent tout utilisateur à s’enregistrer auprès de l’administration.

Au Tadjikistan, un seul opérateur, détenu par le gouvernement, fournit un accès dans la seule capitale. C’est à peu près la même chose au Turkménistan, en Ouzbékistan et en Azerbaïdjan, en Biélorussie mais aussi au Soudan.

En Birmanie, la loi sur l’informatique de 1996 oblige tout possesseur d’un ordinateur à le déclarer à l’administration, sous peine de quinze ans de prison. En Chine, les utilisateurs du réseau doivent se faire enregistrer.

Le prix de l’accès et des connexions peut aussi servir d’empêchement : c’est le cas du Kazakhstan et du Kirghizistan où l