En première ligne

Les travaux que nous menons avec eux nous ont amenés bien souvent à faire émerger des sujets de revendication : si des sujets comme le télétravail, les méthodes d’évaluation (et le ranking forcé), les nouvelles politiques de rémunérations ou aujourd’hui la transformation numérique concernent tous les salariés, ce sont d’abord les cadres qui nous ont interpellés sur ces questions. Car ce sont eux à qui on va demander d’intégrer, de « digérer » et de diffuser ces changements dans l’organisation. Eux qui vont devoir expliquer mais aussi écouter et faire remonter les retours de leurs équipes. Eux à qui on va demander de parfois passer en force certaines décisions si les délais semblent trop long à la direction pour faire accepter les changements. Parfois au prix de compromis extrêmement difficiles. L’image du cadre pris entre le marteau et l’enclume maintes fois rebattue n’a jamais été aussi juste !

Gardons-nous pourtant de placer les cadres en situation de victime : les cadres sont pour beaucoup satisfaits des missions qui leur sont confiées et le passage cadre est bien perçu comme une reconnaissance. Ils demandent surtout la reconnaissance de leur position et des moyens pour bien faire leur travail. Dire en effet que les cadres sont en première ligne ne veut nullement dire que les autres salariés seraient épargnés mais si l’organisation peut être comparée à un orchestre, si tous les salariés sont musiciens, ce sont souvent les cadres à qui on demande de faire jouer la partition. Ne voyons donc pas cette mise en première ligne des cadres comme une négation de l’impact de ces mutations sur tous les salariés. Reconnaissons au contraire aux cadres leurs compétences, leurs qualités pour embarquer toute l’organisation dans ces changements1. Si les cadres sont bien des salariés comme les autres, il faut tout de même leur re