Les classifications professionnelles1, en France, plongent leurs racines assez loin dans notre histoire sociale et politique. On peut citer les barèmes de salaires des Canuts de Lyon en 1831, les négociations des tarifs salariaux dès 1884 après la loi Waldeck-Rousseau, les premières conventions collectives à partir de 1891, leur généralisation avec la loi de 1919, le Front populaire qui les rend obligatoires, les arrêtés Parodi à la Libération et leurs coefficients, les renégociations de grilles dans le cadre des accords de Grenelle en 1968, le recours aux critères classants dans la métallurgie en 1975 pour objectiver les évaluations, l’obligation de réexamen quinquennal des classifications de branche au travers des lois Auroux en 1982. Depuis, le législateur n’est pas intervenu dans le domaine des classifications, à l’exception de dispositions complémentaires – bienvenues – en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, en particulier en 2001. Les révisions d’accords ou les négociations de branche se sont faites du fil du temps sans créer de vagues ni forcément chercher l’innovation. Pourtant, le « travail réel » semble de plus en plus souvent au cœur des réflexions. Il ne s’agit certainement pas d’un mouvement de fond ou de la naissance d’un nouveau modèle mais la problématique est assez intéressante pour que l’on s’y arrête en évoquant les différentes options pertinentes dans ce domaine.

Un regard différent porté sur l’objet de l’évaluation

Le « réel » dans le domaine du travail montre vite ses limites tant est considérable la part du non-dit, de l’indescriptible, voire de l’irrationnel. Mais on sait néanmoins décrire l’essentiel des contours des emplois, que ce soit de manière très générale ou de manière beaucoup plus préc