Dès le début de l’intégration européenne, dans les années cinquante, le mouvement syndical a été confronté avec l’exigence de se doter des structures de représentation au plan européen. Dans un premier temps, la réponse à cette exigence, de plus en plus pressante en vue des avancées de l’intégration, a été recherchée dans le cadre des internationales syndicales, à travers leurs organisations régionales en Europe. La scène syndicale européenne reflétait alors les divisions du mouvement syndical mondial avec trois regroupements : la Confédération européenne des syndicats libres (CISL, non commuiste), l’Organisation européenne de la Confédération mondiale du travail (CMT, communiste), et pendant un temps le Secrétariat commun CGIL-CGT. Entités d’importance inégale, la première étant la plus représentative, mais toutes se posant en interlocutrices de la Communauté Européenne au nom du monde du travail.

L’unification syndicale en Europe

La naissance de la Confédération européenne des syndicats, en 1973, marque un tournant dans la configuration du syndicalisme européen. Si à son congrès constitutif participent uniquement les syndicats libres, la vocation unitaire de la nouvelle centrale est clairement affirmée dans le texte fondateur. Cette volonté d’ouverture et de rassemblement, qui n’avait rien d’évident dans le climat de l’époque, permettra déjà au congrès extraordinaire de 1974 l’adhésion des syndicats de la CMT, suivie quelques mois plus tard par l’affiliation de la Confederazione generale italiana del lavoro italienne, première centrale de la mouvance communiste faisant son entrée à la CES. Elle ouvrait la voie aux adhésions successives de Commissions ouvrières espagnoles, de la Confederaço general dos trabalhadores portugueses et de la CGT française.

La chute du mur de Berlin ayant permis l’affiliation des