Dans le monde de l’entreprise, la déontologie se traduit par la publication de chartes spécifiant la valeur principale des professions et les devoirs qui s’y rattachent. Elle vise à donner une légitimité morale aux actions économiques. Avant d’interroger la nécessité de cette perspective consistant à soumettre les actions à une norme, il convient de bien prendre en compte certaines évolutions structurelles récentes. Les mutations en cours semblent appeler un besoin d’éthique. Le monde de l’entreprise est en effet le lieu de transformations importantes et de complexités nouvelles. L’expansion des NTIC joue un rôle déterminant dans l’évolution de la vie des cadres au sein de leur contexte professionnel. Les nouvelles technologies garantissent une vie plus souple, mais cette flexibilité pose certains problèmes.

L’entreprise en mutation

On peut aisément constater que l’entreprise n’est plus un lieu d’appartenance bien circonscrit et bien défini. Elle devient un pôle d’échanges et de flux auquel les salariés, et les cadres plus particulièrement, ont bien souvent du mal à s’identifier. Les cadres ont à assumer des responsabilités qui ne se définissent plus distinctement. Conséquence directe : un manque d’implication. Si les structures sont plus flexibles, elles ne sont donc pas pour autant porteuses de sens, loin s’en faut. L’éthique a sans doute ici un rôle fondamental. Comment doit-elle s’articuler à la déontologie ?

Dans l’histoire de l’emploi des mots, rien n’impose de distinguer l’éthique de la morale. L’une vient du grec, l’autre du latin, et les deux termes renvoient à l’idée de mœurs (ethos, mores). Ce n’est qu’au XIXe siècle, avec les travaux de Hegel, que les deux termes sont explicitement dissociés. Paul Ricœur1 réserve le terme d’« éthique » pour