Le thème général de ce numéro est : mode d’organisation de la société, mode de management des entreprises, quel est le modèle européen ? Nous posons donc la question tant dans le domaine du « macro », celui de la société, que dans le domaine du « micro », celui de l’entreprise. Les deux niveaux sont évidement liés. Les entreprises, même internationalisées, même mondialisées, agissent dans des lieux géographiquement et politiquement déterminés, les nations, même celles qui s’affichent peu soucieuses de questions économiques (elles sont de plus en plus rares), passent par les entreprises, et par les entreprises privées, pour assurer ou tenter d’assurer la prospérité de leur population et la puissance de leurs dirigeants.

Historiens, sociologues, économistes et « gestionlogues » (si on me permet ce néologisme pour désigner ceux qui étudient, enseignent et conceptualisent la gestion des entreprises, qu’on l’appelle ainsi ou qu’on la baptise « management ») sont dans l’ensemble d’accord sur deux constats : premièrement, le capitalisme étend son règne sur le monde entier, c’est-à-dire que l’ensemble des pays de la planète « utile » connaissent des modes d’organisation dans lesquelles l’argent qui se reproduit joue un rôle central ; deuxièmement, les formes concrètes de l’organisation économique et sociale de ces différents pays ne sont pas strictement les mêmes. La question qui divise est de savoir s’il existe un ou des modèles de capitalisme, et symétriquement un ou des modèles de management. Là, les auteurs - et les acteurs - sont loin d’être unanimes, tant sur cette question que sur la suivante qui est son corollaire : les formes concrètes de capitalisme (ou de management) étant objectivement différentes, ces différences sont-elles appelées à se perpétuer ou à s’estomper ? Derrière,