Le réformisme Karcher repose sur le principe du «surveiller et punir». Il cherche le changement en mobilisant les ressources de la peur et de la sanction. Et dans ce dispositif, ce sont les plus vulnérables qui sont désignés comme les véritables coupables En revanche, les plus nantis se trouvent fiscalement gratifiés. Le catalogue du réformisme Kärcher repose ainsi sur la hausse de la TVA, qui pénalise les moins aisés, l’uniformisation tendancielle des taux d’imposition qui aggrave le divorce entre égalité et équité, la réduction des prestations sociales qui accroît le sentiment d’insécurité, même si elle est de nature à accroître les incitations au travail. Sur ce dernier point, il est indéniable que la forte protection des chômeurs avait généré en Allemagne une fraude non négligeable que les sociaux-démocrates allemands ont eu le courage de reconnaître et de combattre avec le soutien des Verts.

La voie choisie par Schröder est différente. Elle est naturellement socialement assez dure, puisqu’elle conduit à responsabiliser les demandeurs d’emploi sur une base plus contraignante et à ouvrir des secteurs d’activité trop réglementés. Mais si la responsabilisation des patients par exemple est désormais forte, celle des médecins l’est aussi alors que ces derniers, comme en France, d’ailleurs, perdent de vue le fait que l’exercice de la médecine libérale n’est possible qu’au prix d’une prise en charge de son coût par la collectivité. C’est en cela que la réforme Douste-Blazy était inéquitable socialement puisqu’elle ne visait pas à responsabiliser le corps médical.

Mais en définitive, le point commun à toutes les forces politiques allemandes, le Linkspartei excepté, est qu’elles admettent la nécessité des réformes. Le débat n’est plus entre réformistes et anti-réformistes.

Il est entre réformistes sociaux et réformistes libéraux. Cette situation est d’autant plus remarquable qu’à