La focalisation sur le chômage de masse a relativisé l’attention portée au travail et à ses conditions. Le fait de garder son emploi ou d’en trouver un a été considéré comme ayant plus de valeur que d’être passionné par son travail ou d’avoir de bonnes conditions de travail. Or, l’occultation de ce qui se passe dans le travail a des conséquences négatives dans la manière de conjuguer les évolutions du système productif et la lutte contre le chômage.

D’une manière générale, l’adaptation des salariés aux innovations, le développement de leurs acquis d’expérience et les conditions de leur engagement professionnel ont trop souvent été sous-estimés. Une situation décrite dans de nombreux ouvrages depuis longtemps. « Les salariés français ne sont pas suffisamment associés aux transformations d’organisation du travail que ne cessent de subir les entreprises. On les consulte peu. Le savoir-faire, l’intelligence, l’énergie qu’ils mobilisent ne sont pas reconnus comme essentiels au bon fonctionnement de l’entreprise. Contrairement à ce que vivent les pays scandinaves depuis cinq à dix ans, cette ingéniosité se déploie dans l’ombre » écrivait Laurence Théry en 20061. Or la capacité des salariés et de leurs représentants à peser sur les transformations du système productif est la seule façon de démentir les analyses déterministes qui nous proposent un seul modèle de développement économique. Cependant, influencer les évolutions organisationnelles et techniques dépend fortement de la capacité à analyser les contenus et les contextes de travail, à comprendre les façons dont les métiers évoluent, à mieux appréhender le potentiel d’adaptation et d’évolution de telle ou telle compétence.

L’analyse du travail permet de relativiser des interprétations abusives des changements du système productif mais aussi de comprendre les véritables t