Le Brésil n’a jamais procédé à une véritable réforme agraire et la propriété foncière y reste très concentrée, alors même que des millions de ruraux n’ont pas accès à la terre. La volonté du gouvernement Goulart de traiter le problème a été l’une des causes déterminantes du coup d’Etat de 1964, et si le gouvernement militaire a pris une loi sur la réforme agraire, elle n’a jamais été appliquée. La violence est importante à la campagne, les occupations menées par les paysans sans terre se heurtent souvent aux milices des grands propriétaires. En 1988, la Constitution a repris l’idée du partage des terres, mais les fazendaires ont réussi à limiter son application en obtenant que seules pourraient être expropriables les terres « improductives ». Reste alors à démonter qu’une terre est productive ou improductive, et on comprend qu’il puisse être facile de faire avaliser par un pouvoir régional ou un tribunal qu’est productive une terre sur laquelle se trouvent quelques dizaines de vaches sur des centaines d’hectares... Dans certains cas en revanche, les fazendaires ont réussi à retourner la loi à leur profit, tolèrent voire organisent des occupations pour toucher de l’Etat des indemnités bien supérieures à la valeur des terres. L'Etat organise des migrations intérieures, pour rééquilibrer la densité de population rurale entre les régions mais, mal préparées, non accompagnées, ces tentatives de « colonisation » des zones dites « vides » passent le plus souvent mal. L’exode rural continue, alors même que la vie dans les villes n’a rien d’idyllique. Des travailleurs de la terre - salariés permanents ou journaliers, petits propriétaires, paysans sans terre et sans travail - mènent des luttes, de la demande de meilleurs salaires à l'occupation des terres. Ces actions sont plus ou moins fédérées par le mouvement syndical (la CONTAG-CUT), par une organisation rurale à te