Parmi les promesses et les constats sur les causes de la pandémie et de la crise dans laquelle elle nous plonge, plusieurs portaient le message que l’expertise du « monde d’après » ne pourrait plus être celle du « monde d’avant ». L’expertise du « monde d’après » devrait être transparente, tenir compte des préoccupations des citoyens et tenir compte des connaissances des personnes les plus directement concernées, appelées parfois savoirs de l’expérience (Lochard 2007). Le tableau de réforme de l’expertise ainsi dessiné s’inscrit dans un contexte, celui de donner enfin à l’expertise scientifique le tournant participatif qui est appelé par ses observateurs depuis le début des années 2000 et la succession des crises et des scandales sanitaires et environnementaux depuis les années 1990 (Callon, Lascoumes, Barthe 2001).

Cet article propose une réflexion sur les conditions de transformation de l’expertise scientifique et, plus largement, de la production de connaissance académique. En mettant à distance le caractère innovant de ce débat, cet article interroge et pointe les limites des catégories plébiscitées dans les démarches participatives. La catégorie de « tiers secteur scientifique » est alors proposée pour ce qu’elle permet d’inscrire le tournant participatif dans la continuité d’un dialogue social incluant tous les corps intermédiaires en reconnaissant la singularité des connaissances qu’ils produisent et co-construisent.

 

Un contexte qui a en fait une trentaine d’années

 

Transformer l’expertise scientifique et la rapprocher des préoccupations et des enjeux des personnes concernées n’est pas une idée nouvelle, au contraire. Tout au long des années 1980 et 1990, une succession de crises et de scandales sanitaires et environnementaux ont progressivement forgé cette idée. On peut citer l’accident de Tchernobyl et la gestion de ses conséquences par les autorités publiques dans la plupart des pays touché