Symbole de la lutte contre l’exploitation, la fête du travail a été créée en 1889 par la deuxième Internationale des Travailleurs pour commémorer les grèves ouvrières de Chicago réprimées dans le sang. Cent dix ans après, un groupe d’associations lance l’initiative « Fête du travail, faites des emplois », parce qu’aujourd’hui la lutte contre l’exploitation doit s’accompagner de la lutte contre l’exclusion.

«Aujourd’hui, le chômage est un problème aussi important que la défense des intérêts des travailleurs. L’emploi n’est pas seulement le résultat de la croissance et du partage du travail, il dépend aussi de l’initiative des chômeurs eux-mêmes et de l’action solidaire de tous les citoyens. Pour que les chômeurs retrouvent leur place dans la vie économique et ne soient pas exclus de la Fête du Travail, l’initiative «Fête du Travail, Faites des Emplois» a pour but de transformer la fête du travail en fête du travail et de l’emploi pour tenir compte de la réalité sociale actuelle en France et en Europe, de donner la parole aux chômeurs, en tant que sujets et non comme objets des politiques d’emploi, de mobiliser autour de l’emploi la solidarité des entreprises, donateurs, bénévoles, et formuler des propositions aux Pouvoirs Publics» proclame le Comité d’organisation, qui comporte l’ADIE - Association pour le Droit à l’Initiative Economique - de Maria Novak, le CJD - Centre des Jeunes Dirigeants d’Entreprise - présidé par Laurent Degroote, la COORACE - Coordination des Organismes d’Aide aux Chômeurs par l’Emploi - présidé par Jacqueline Saint-Yves, le MNCP - Mouvement National des Chômeurs et Précaires - d’Hubert Constancias et SNC - Solidarités Nouvelles face au Chômage - de Jean-Baptiste de Foucauld. Car la philosophie de « Faites du Travail, Faites des Emplois », c’est de dire que les chômeurs ont des idées qu’il convient d’écouter, et qu’il faut se mobiliser avec eux. Ce n’est pas l’assistance que les promoteurs de l’initiative demandent mais les conditions qui permettent l’initiative économique. Face à un système bancaire frileux et à un système social qui multiplie les interlocuteurs et ne fait rien pour encourager la production de son propre emploi, FTFE s’efforce de soutenir les initiatives productives. D’un point de vue social comme d’un point de vue économique, il vaudrait mieux aider des micro entreprises à démarrer que subventionner l’inactivité, bien souvent destructrice de personnalité et briseuse de liens familiaux. Le forum qui s’est tenu le premier mai 1999 donne aujourd’hui lieu à un livre blanc intitulé « Du chômage à l’emploi : nouveaux parcours». Il reprend les forums animés par les organisations et les débats généraux avec la salle. Certains témoignages sont poignants, et d’autres encourageants. Un professeur de chant, un caviste et des cuisinières mais aussi une traductrice et un concepteur de multimédia racontent comment ils ont monté, sous forme artisanale ou coopérative, leur propre activité. On peut noter que les organisations syndicales étaient assez peu présentes : seules, la CFDT avait envoyé un secrétaire confédéral porteur d'un message de la Commission exécutive et la CFTC un chômeur responsable d'une association rennaise.

Nous ne pouvons qu’inciter à lire ce livre blanc. On peut aussi consulter le site web de FTFE.

1 : Pour une introduction à cette problématique, lire le premier ouvrage de l'auteur «L'organisation biologique et la théorie de l'information », 1972, réédité en 1992 par Hermann, Paris, 330 pages.