Voici bientôt plus d’un an que le président Clinton contresignait avec réticence le « Fair Act » au terme d’un marathon parlementaire mené alors par un candidat à l’investiture du parti républicain pour les présidentielles, le Sénateur Dole. Liberté culturale complète pour les producteurs agricoles, annulation des programmes de jachère annuelle et de stockage à moyen terme, paiements compensatoires découplés de la production et des prix : dans quelle mesure cette nouvelle législation américaine sur l’agriculture votée pour les sept prochaines années va-t-elle influer sur les futures négociations commerciales multilatérales prévues en 1999 au sein de l’Organisation mondiale du commerce ?

« La Révolution agricole américaine », synthèse rédigée par des analystes avertis des questions de politique agricole, propose pour répondre à cette question une lecture à plusieurs niveaux de la nouvelle orientation dont témoigne le « Fair Act ».

Les auteurs montrent que le contenu de la nouvelle législation agricole américaine ne peut laisser l’Europe indifférente car elle place les USA en position offensive pour ce prochain round de négociations internationales. Le « Fair Act » constitue une formidable machine de guerre dans la conquête des marchés internationaux agricoles ouverts par les besoins solvables des « pays émergents ».

La récente décision de l’OMC concernant la « viande aux hormones » est à cet égard un épisode tout à fait significatif d’une stratégie américaine de pressions commerciales visant à consolider les acquis de Blair House et de Marrakech. Les pays européens producteurs, au premier rang desquels figure la France, seraient bien inspirés de méditer l’exemple américain, non pas pour l’imiter servilement ou s’en irriter vertueusement, mais pour élaborer un schéma de politique agricole communautaire qui permette de projeter dans l’avenir notre agriculture à la recherche de complémentarités plutôt que d’affrontements. A lire, mais avant 1999 !

1 : Membres du collectif Appel européen pour une citoyenneté et une économie plurielle.