En fait, ce débat qui apparaît nouveau pour certaines organisations, ne l’est nullement pour les organisations de cadres. Dès les années 1960, il est présent au travers d’une question basique. Être cadre et syndiqué, est-ce compatible ?

Cette question prenait alors un double sens. Elle était posée par les directions d’entreprise pour qui la difficulté résidait dans le fait de concilier position hiérarchique et engagement syndical. Mais elle l’était aussi par beaucoup de cadres à la base, et pour cause.

L’un des problèmes auquel seront confrontés les syndicats de cadres et plus particulièrement les syndicats de cadres CFDT sera dû à la configuration idéologique de l’engagement de beaucoup d’adhérents et les représentations et enjeux qui en résultaient.

La part de l’idéologie

À l’époque, les cadres adhérents étaient souvent animés par des motivations idéologiques qui avaient pour effet de nier leur statut. Forme de haine de soi ? Toujours est-il que beaucoup d’entre eux notamment dans l’après-1968, se reconnaissaient dans une idéologie critique, à visée autogestionnaire et politique et qui impliquaient des revendications anti-hiérarchiques dans le travail mais aussi au niveau des échelles salariales. Certes, l’anti-hiérarchisme était souvent justifié par le taylorisme qui régnait alors en maître. Reste qu’il aboutissait pour les cadres concernés à une négation de soi.

C’est face à ce contexte qu’une discussion d’ampleur va prendre place au sein de l’UCC. En l’occurrence, il s’agit d’un débat sur la professionnalisation et l’engagement professionnel qui vise deux buts : le premier, rendre compatible le fait d’exercer la profession de cadre et d’être syndiqué ; le second, mettre à la disposition des syndicats et notamment des confédérations ouvrières, les attributs de la prof