«Etre femme cadre d'entreprise dans les années soixante-dix : une situation exceptionnelle» c'est ce qu'écrivait en 1978, dans un rapport sur les femmes cadres, le Comité du travail féminin, ancêtre du Conseil supérieur de l'égalité professionnelle, créé au début des années soixante-dix dans la vague de modernisation sociale de la France d'après 1968.

«(...) la situation de cadre est pour une femme une situation exceptionnelle, plus encore que pour un homme. Avec moins de cent mille femmes cadres en France dans le secteur privé (NDLR : catégorie comprenant à l'époque les professions intermédiaires entre employé et cadre) [elles sont] six fois moins que d'hommes».

Plus loin : «En conclusion de l'enquête de l'école commerciale d'Angers, il ressort que l'image de la femme ne correspond pas à celle du cadre, aux yeux des industriels. Il semble que les diplômées deviennent le plus souvent des sous-cadres parce que le profil que ces chefs d'entreprises se font de la femme cadre ne se superpose pas au profil du cadre idéal.... Pour eux, la fonction de directeur administratif et financier est le seul qui semble convenir aux femmes. Ce n'est pas le cas de celui de directeur de personnel et encore moins de celui de directeur technique ou commercial. En tous cas pas celui de PDG. Les employeurs imaginent difficilement la femme cadre ailleurs que dans un poste de second».

Mais encore : «Les femmes qui veulent exercer un poste de responsabilité, doivent se soumettre à des sujétions particulières : accepter de venir s'installer en région parisienne, se contenter des postes dédaignés par les cadres masculins et notamment renoncer aux fonctions opérationnelles de production ou de technico-commercial auxquelles pourtant des écoles comme Polytechnique féminine ou HECJF les avaient préparées; accepter des salaires nettem