Toute activité économique a ses coûts cachés qu’elle reporte sur la société. Ainsi, les coûts du traitement des déchets radioactifs et du démantèlement des centrales nucléaires sont longtemps demeurés invisibles (ou très fortement sous-évalués) lorsqu’il s’agissait de comparer les différentes productions d’énergie en France ; des études récentes démontrent que l’intensification des pratiques agricoles entraîne une perte de biodiversité et la dégradation de certains services « écosystémiques » (la pollinisation de la flore par les abeilles, par exemple) ; la pollution aérienne liée aux transports et à l’industrie engendre des coûts sanitaires qui commencent tout juste à être chiffrés ; l’industrie textile utilise des ateliers aux conditions de travail misérables (les sweatshops bangladais ou éthiopiens, notamment). Ces exemples illustrent de différentes façons ce que l’on appelle dans le jargon économique les « externalités ». Leur point commun ? Dans chaque cas, des tiers doivent ou devront payer des coûts liés à des décisions et des usages qui ne sont pas de leur fait : générations futures pour le nucléaire et les abeilles, sécurité sociale et familles des malades pour la pollution aérienne, travailleurs et leurs familles pour les sweatshops… Le consommateur ne paye pas le coût réel d’un produit ou d’un service. Une grande partie de celui-ci est déplacée, externalisée auprès d’autres acteurs et sur le long terme. Le terme d’externalité est de plus en plus utilisé dans certains milieux, notamment institutionnels et financiers. Pour les institutions, l’évaluation des externalités à un niveau macroéconomique (national ou international) leur permet de démontrer le bien-fondé de leurs propositions (plaidoyer, politiques publiques, projets de loi…). Pour les entreprises et leurs directions financières, il s’agit désormais de réintégrer dans leurs co