Benoît Ostertag est aujourd’hui administrateur élu par les actionnaires salariés pour les représenter au Conseil d’Administration de Renault. Sa présentation des défis qu’affronte une entreprise « industrielle » est saisissante et très éclairante.

Renault 2016, Drive the change.

Depuis longtemps les constructeurs automobiles proposent des services complémentaires au produit lui-même. Les services financiers de Renault représentent environ 10 % de son chiffre d’affaires et près des trois-quarts de sa marge opérationnelle. On n’imagine pas la marque sans services de dépannage ou d’entretien. L’entreprise a appris à veiller sur son image et sur le design des voitures. Ce sont des changements importants, mais l’automobile et l’expérience industrielle de Renault restent clairement « au centre », le recours grandissant à la sous-traitance n’y change rien.

C’est cette centralité qui est menacée par les évolutions les plus récentes. Par exemple, Renault ne conçoit pas et ne fabrique pas les batteries de ses voitures électriques. Cet élément clé, objet des mises au point actuelles, n’est pas vendu mais loué. Renault les contrôle à distance afin d’avertir le client qu’il doit la remplacer pour conserver un temps de charge correct. Il y a de moins en moins de mécanique et de plus en plus d’électronique et de relations clients. Par ailleurs, Renault a signé un accord avec le Groupe Bolloré pour fabriquer dans son usine de Dieppe une partie des BlueCar, les voitures électriques conçues par un carrossier italien pour le Groupe Bolloré, équipées de batteries conçues et fabriquées par une filiale du Groupe Bolloré et d’EDF, voitures en libre service sur Paris et bientôt Lyon et Bordeaux grâce à des entreprises gérées par le Groupe Bolloré. Aux Etats-Unis, Google est à la pointe des expérimentations pour la voiture sans conduct