Les techniques de la communication et de l’information, qu’on n'ose plus qualifier de « nouvelles » tant elles se banalisent, sont utilisées de différentes façons par des entreprises de plus en plus nombreuses. Entreprises ayant leur objet dans ces propres techniques, bien sûr, mais aussi entreprises de vente par correspondance, entreprises commerciales quelconques qui pensent se monter un réseau mondial à peu de frais, sans compter celles pour qui le site est une vitrine publicitaire... Internet prend dans ces secteurs une place grandissante à côté des postes et du téléphone. On parle désormais de e-commerce et de e-marketing. Les travailleurs (souvent des travailleuses d’ailleurs) ne sont plus nécessairement dans les mêmes locaux que le reste de l’entreprise : ils peuvent se trouver dans des centres spécifiques (du même genre que les centres d’appel téléphonique, auxquels ils peuvent parfois être intégrés) ou travailler à domicile.

L’utilisation de ces techniques - le télétravail, les logiciels de tout genre, le traitement automatique de l’information - change-t-elle la nature de l’entreprise ?

L’organisation est certainement bouleversée par ces pratiques1, la nature même de l’entreprise, c’est moins sûr : les changements les plus profonds sont probablement impulsés surtout par la « financiérisation » de l’économie et le primat de l’actionnaire2. Deux types d’actionnaires sont aujourd’hui emblématiques de la phase actuelle du capitalisme (particulièrement américain) : le capital-risqueur qui joue la croissance, la nouveauté et admet de compenser des pertes sèches et des gains fabuleux, et le fonds de placement qui refuse les aléas et exige un taux, non seulement élevé mais fixe de rémunération.