Trois millions de salariés travaillent dans de très petites entreprises (TPE) (Dares, 2014). Les conditions de travail des salariés dans ces TPE sont peu connues, car la petite taille des effectifs et la pression de la production leur donnent peu de moyens pour formaliser et publiciser les pratiques qui s’y développent. Sans instance de dialogue social, sans CHSCT, sans acteur de la prévention en interne et avec une trésorerie généralement restreinte, chef d’entreprise et salariés travaillent en direct et finalement déterminent explicitement ou tout à fait implicitement en direct les conditions de travail. Ces dernières reposent sur les décisions d’achat, les règles d’organisation et de fonctionnement, le modèle de production retenu, le couplage des rôles entre chef d’entreprise et salariés.

Dans cette perspective, l’étude STOP (Santé, Travail, Organisation dans les très petites entreprises) a été menée à l’Institut Régional du Travail de Midi-Pyrénées avec le soutien financier de la DIRECCTE1 afin de mieux connaître les ressorts qui assurent ou portent atteinte à la santé et sécurité des salariés. En recherchant de très petites entreprises dont les salariés témoignent d’un bon état de santé au travail, nous avons trouvé des entreprises en bonne santé économique : un commerce ayant multiplié par quatre son chiffre d’affaires en quatre ans malgré une situation difficile initialement ; une entreprise du BTP dont la trésorerie permet de renouveler le matériel régulièrement et qui obtient des commandes face à la concurrence de grands comptes, un centre d’insertion sociale dont les salariés arrivent à répondre aux objectifs du financeur dans une région sinistrée...

Au-delà de l’image d’Épinal des histoires familiales qu’elles recouvrent, ces TPE sont exemplaires de modalités de fonctionnement qui allient santé au travail tout en pro