« Le taylorisme, c’est fini », entend-on souvent depuis les années quatre-vingt. Mes recherches montrent que ce n’est pas vrai. Certes, on parle maintenant moins de travail à la chaîne que de qualité, de communication, de motivation et de participation. Certes, les ingénieurs ont fait une place aux psychologues, aux sociologues et aux chief people officers. Mais les quatre principes d’organisation mis en système par Taylor entre 1890 et 1915 sont toujours vivaces.

Les quatre principes du management moderne

1) Rationalisation. C’est le premier pivot de la révolution taylorienne : ce qui était informel dans le travail sera formalisé, ce qui était personnel sera dépersonnalisé, ce qui relevait du jugement subjectif ou de l’intuition sera objectivé. Tout doit pouvoir être écrit noir sur blanc, traduit en signaux et en chiffres, mis en tableau et en équations. Les fiches et les formulaires prolifèrent, ainsi que les rapports, plans, relevés, notes, registres, diagrammes, schémas, feuilles de route, factures, calendriers et échéanciers. Taylor recommande aussi « la collecte délibérée, de la part de la direction, de cette grande masse de connaissances traditionnelles qui était auparavant dans la tête des travailleurs, dans une dextérité et dans un coup de main acquis au terme de longues années d’expérience. » Une fois collectés par l’encadrement, ces savoir-faire doivent être rationalisés puis réinjectés dans les travailleurs au moyen de formations, de protocoles codifiés ou d’environnements de travail incorporant ces nouvelles normes.

2) Organisation. Selon ce principe, les individus et les groupes sont des entités malléables. On peut organiser le temps, la matière et l’espace. Même les habitudes, la culture ou l’inconscient peuvent ê