En matière de rémunération, l’univers des banques a longtemps été assez proche de celui la fonction publique, avant un brutal retournement de tendance qui en l’espace d’une dizaine d’années en a fait l’un des fers de lance de l’individualisation. Comment cela s’est-il produit ?

Pour comprendre cette histoire, il faut revenir au monde d’après 1945, où la forte place de l’Etat dans le secteur bancaire est associée à un régime social et salarial particulier. L’une de ses manifestations est le « point bancaire », qui rappelle les points d’indice de la fonction publique. Chaque profession avait alors un certain nombre de points ; des points spéciaux pouvaient être attribués, et une petite part d’individualisation marquaient la différence, mais les fondamentaux étaient les mêmes.

C’est ainsi qu’au début des années 1980, les 10% des salariés les mieux pays représentent environ 18 ou 19% de la masse salariale ; un ratio comparable à celui de la fonction publique, et plutôt inférieur à la moyenne du secteur privé.

Le changement qui va intervenir dans les années qui suivent tient d’abord à des raisons structurelles. En début de période, les cadres représentent entre 15 et 20% des salariés du secteur, un chiffre qui tourne aujourd’hui autour de 40%, dépassant même les 50% dans certains établissements spécialisés.

Ensuite, la fin des années 1980 voit le début d’une révolution culturelle dans les modes de management, avec une forte poussée de l’individualisation – primes et gratifications. Dans la banque, cela sera particulièrement sensible, et la convention collective de 1999 consacre cette évolution : abandon du point bancaire, grille conventionnelle plus souple signent incontestablement la fin d’une époque.

Mais c’est surtout une évolution des