La première série de travaux du groupe de travail « outils de gestion » de l'UCC a abouti au numéro n° 380 (octobre 1997) de notre revue, « La critique de la mesure » qui a reçu, à notre grand plaisir, un accueil favorable chez les spécialistes de la gestion comme chez les syndicalistes. Ce numéro était cependant très marqué « entreprise privée » et particulièrement « industrie ». Lorsque le groupe a décidé, après le Xème congrès de l’UCC, de continuer à se réunir, avec en sus de nouveaux membres, il a choisi de se pencher plus particulièrement d’une part sur les outils de gestion utilisés par le monde non marchand et d’autre part sur les outils non marchands permettant un regard non financier sur les entreprises privées. Ces deux ans de travaux constituent la base de ce nouveau numéro. Certains des membres actifs de ce groupe ont rédigé un article qui figure dans les pages suivantes, mais ils ne sont pas les seuls à avoir apporté leur contribution puisque des auteurs extérieurs ont aussi écrit. Les travaux du groupe ont aussi porté sur deux questions proches : les outils et le management du temps et les conséquences de la nature de l’actionnaire. Elles feront l’objet d’un très prochain numéro, les contraintes de pagination et de délai ne permettant pas la publication de la totalité de la production en une seule fois.

Tous les membres du groupe n'ont pas écrit mais que tous ceux qui ont participé à ces travaux, même ponctuellement, soient ici remerciés1.

Parce qu’à l’UCC nous pensons que la gestion de l’entreprise, les critères qu’elle se donne et les instruments qui mesurent ceux-ci sont aussi l’affaire des salariés et des institutions dont ils se sont dotés (organisations syndicales, institutions représentatives du personnel) ; parce que nous pensons que les cadres, « managers » comme « fonctionnels », sont ici en première ligne (non pas comme experts compagnons de route de la glorieuse classe ouvrière mais comme salariés à part entière particulièrement concernés par la gestion dans l’exercice même de leur métier) ; nous revendiquons une parole propre, à la fois lucide et engagée, sur ces questions.

La question des critères « éthiques » concerne autant le citoyen que le salarié, et de façon très aiguë l’épargnant. C’est au fond la même question que la prise en compte des externalités chère aux macro-économistes : comment la firme prend-elle en compte - ou non - les effets de son action sur son environnement extérieur ?

La société a besoin que les entités productives, marchandes ou non marchandes, tiennent compte dans leur gestion des conséquences de celle-ci sur l’extérieur : elle a besoin d’une gestion respectueuse de l’environnement écologique et sociétal, une gestion attentive à l’ensemble des parties prenantes2.

1 : Jean-François Bambuck, Ali Barka, Marc Beauvois, Jean-Paul Bouchet, Michel Capron, Pierre Compte, Laurent Coquelin, Jacques Cornilliat, Martial Cozette, Simone Daret, Alain Dermenjian, Lucien Desvaux, Arnaud Du Crest, Pierre-Marie Dugas, Bernard Emeriau, Magalie Fromentin, Michel Genty, Jean-Luc Gibou, Francis Ginsbourger, Jean-Paul Kovaleski, Jean-Claude Mancipoz, Raymond Perrin, Albert Picquet, Françoise Quairel, Paul Rué, Patrick Roturier.

2 : Nous préférons la formulation gestion « attentive » plutôt que gestion « respectueuse », à cause du titre d’une pièce de Jean-Paul Sartre…