La recherche de renseignements téléphoniques passe de moins en moins par l’annuaire papier, progressivement détrôné par le site Pages jaunes. Ce qui n’empêche d’ailleurs pas une diffusion encore massive du bon vieux bottin édité à près de 70 millions d’exemplaires entre la France, la Belgique, le Luxembourg et le Liban.

Par précaution et bien que prospère (984 millions de chiffre d’affaire, résultat net en augmentation de 19% au troisième trimestre 2005), la société Pages jaunes a proposé une modification de leur contrat de travail à 930 de ses salariés, pour l’essentiel des commerciaux chargés de drainer la publicité : nouvelles obligations de résultat, reprofilage du système de rémunération. Ayant opposé un refus, 118 d’entre eux sont licenciés pour motif économique et, par un arrêt du 11 janvier, la Chambre sociale de la Cour de cassation vient d’admettre la légitimité de licenciements économiques intervenus à la suite de refus de modifications du contrat de travail dans le cadre d’une réorganisation visant à « prévenir des difficultés économiques à venir liées à des évolutions technologiques et [à parer à] leurs conséquences pour l’emploi, sans être subordonnées à l’existence de difficultés économiques à la date du licenciement ».

Résultat : un licenciement collectif jugé légitime dans une entreprise pourtant en bonne santé économique. Voilà qui rappelle fort les licenciements « boursiers » de Michelin, Danone et de quelques autres, taclés par l’éphémère, et il faut bien le dire, peu convaincante loi de modernisation sociale de janvier 2002.

Etonnante, cette configuration n’est pas absolument extravagante. On s’est habitué, dans ces temps de profonde mutation technico-économique, à voir se multiplier des situations, certes baroques, de licenciements dans un contexte de bonne santé, voire de notable prog