« Il n'y aura plus de produits et de technologies nationales, plus de grandes firmes nationales, .... Un seul élément restera enraciné à l'intérieur de nos frontières : les individus qui constituent la nation ». Nous sommes entrés dans l'ère de l'économie globale, comme on dit maintenant, en traduisant d'une façon un peu hâtive l'adjectif anglo-saxon « global » qui veut dire planétaire mais en mettant derrière ce terme des notions plus complexes. Dans ce type d'économie trois groupes d'activités sont inter-reliées : les échanges de marchandises, les implantations d'entreprises (les investissements directs à l'étranger), les mouvements de capitaux (internationalisation des marchés financiers).

Le propos des auteurs est d'essayer de nous prouver qu'il n'y a pas que des menaces dans ces nouvelles perspectives mais aussi des espoirs de développement et donc un impact positif sur l'emploi, y compris dans nos pays développés, et pas seulement dans les pays émergents.

Et la France n'est pas si mal placée. Le PIB français est supérieur au PIB de la Chine et aux PIB des sept pays de l'ASEAN réunis, autrement dit cinquante sept millions de Français produisent autant que les 1,5 milliard d'Asiatiques qui habitent ces pays !

La France est le quatrième pays d'accueil des investissements internationaux et elle le troisième investisseur à l'étranger. Et notre balance commerciale avec les pays d'Asie en développement rapide est en excédent de 9,2 milliards de francs.

Où se situent les risques principaux ? Essentiellement sur les marchés financiers. Leur activité est directement concernée par la libre circulation des capitaux et 3 % seulement de cette activité sont liés au commerce mondial, les 97 % restants sont purs mouvements financiers, donc simple spéculation ! Et quels sont ces spéculateurs ? Des investisseurs institutionnels, au premier rang desquels les fonds de retraite qui gèrent dix mille milliards de dollars, dont la moitié aux Etats-Unis. Dès à présent, quarante pour cent du capital des sociétés cotées à la Bourse de Paris sont aux mains d'institutionnels non-résidents. Que ces fonds se retirent de ces sociétés et l'emploi est menacé.

Une nouvelle régulation de l'économie est donc indispensable mais elle n'est possible qu'au niveau mondial car les Etats n'ont, d'après les auteurs, plus la possibilité de contrôler le développement des multinationales.

Ainsi pour combattre les effets déstabilisateurs de la spéculation financière, l'économiste américain James Tobin propose de taxer les opérations de change à un taux uniforme faible (0,05 %) pour décourager précisément les déplacements massifs et très courts de capitaux exclusivement motivés par les gains dus au changement de parité. Les fonds seraient utilisés pour aider les pays sous-développés.

Pour tenter d'encadrer l'action des multinationales deux modalités sont possibles : les codes de conduite et la négociation collective. Etablis par le BIT ou l'OCDE, ces codes de conduite (en matière de gestion de la main-d'œuvre notamment) ne sont que des orientations sans valeur obligatoire ni fondement juridique. Quant à la négociation collective elle est difficile pour des raisons à la fois politiques et pratiques . Elle est pourtant nécessaire.

On parle aussi à l'ONU de gouvernance mondiale avec un conseil de sécurité économique, le renforcement des règles de droit au niveau international, ...

Toutefois, s'il est indispensable de trouver des solutions au niveau mondial, par-delà les Etats, cela ne signifie pas pour autant que les politiques locales ne soient pas nécessaires et qu'elles seraient inefficaces. Au contraire les exemples sont nombreux de réussites de développement à partir de ressources locales : les grappes industrielles au Québec, Singapour, les réseaux de PME en Italie du Nord. Et l'on voit là de nombreuses PME qui tirent parti de la mondialisation.

Mais les politiques publiques restent essentielles, contrairement à ce qu'on veut parfois nous faire croire, pour assurer des ressources longues de qualité (éducation, environnement, infrastructures), pour favoriser les coopérations des différents acteurs et pour jouer un rôle de coordination et d'interface entre eux.

Voilà quelques idées reçues qui sont malmenées, quelques raisons de garder espoir mais aussi des arguments et des motifs pour s'organiser et pour lutter dans nos structures au niveau international.