C'est à exposer les acquis et limites de l'approche économique de l'innovation que s'attache cet ouvrage. Il existe en effet d'autres approches de la question. L'approche sociologique s'intéresse plutôt à la formation des préférences et des comportements des agents. L'approche gestionnaire cherche à élucider les conditions dans lesquelles l'innovation est un succès ou un échec dans le but d'aider les responsables d'entreprises.

L'approche économique dominante est dite néo-classique. Dans cette théorie les agents sont rationnels en ce sens qu'ils maximisent une certaine fonction (utilité, revenu). Ils innovent dans la mesure où ils espèrent en retirer un certain bénéfice.

Une approche alternative a été développée depuis la fin des années soixante-dix autour de la « théorie évolutionniste Â», inspirée des travaux de Schumpeter. Ici les agents ne sont plus parfaitement rationnels.

Le poids des activités d'innovation dans les économies modernes est devenu considérable. On le mesure de deux façons, d'une part par les ressources qu'elle mobilise et d'autre part par son impact sur l'activité économique. Ainsi, la production par tête a été multipliée par quinze à vingt depuis le début du XIXème siècle dans les pays occidentaux, en grande partie grâce à la technologie. General Motors et Ford dépensent ensemble en recherche plus que l'Etat français.

Il semble que les nations développées soient entrées dans une phase d'économie fondée sur la connaissance, par opposition à l'économie fondée sur l'industrie.

L'auteur fait le point des diverses théories tant sous l'aspect micro-économique que macroéconomique. Bien que ces théories aient progressé depuis Schumpeter, il en souligne les limites. De belles théories se trouvent bien souvent prises en défaut par des contre-exemples, en fonction notamment du secteur industriel sur lesquels on raisonne. Ainsi en est-il du débat sur les relations entre la taille des firmes et la propension à innover. On ne peut tirer aucune conclusion dans un sens ou dans un autre.

A la lecture de ces lignes on se demande parfois si la théorie n'est pas au service d'une idéologie. Ainsi : «On constate en Europe continentale un taux de chômage plus élevé pour les non-qualifiés, qui peut être interprété comme manifestant une diminution du salaire d'équilibre qui aurait été censurée par l'existence de salaires minimaux». On trouve malgré tout dans cet ouvrage des développements intéressants sur les modes de financement de l'innovation, sur les problèmes de propriété industrielle avec la notion d'externalités qui déposséderaient l'inventeur d'une partie de ses privilèges, etc.

En conclusion, l'auteur relève les points sur lesquels subsistent des lacunes :

  • des progrès restent à faire pour comprendre le comportement des agents et leur coordination en dehors de l'équilibre,
  • l'hypothèse des anticipations rationnelles s'applique difficilement à un contexte non probabilisable, tel que celui d'un marché transformé par l'innovation,
  • l'intégration de l'innovation dans les modèles macroéconomiques,
  • la représentation des institutions publiques et privées (la notion de réseau).

Si on nous expose des analyses intéressantes sur l'impact de l'innovation dans l'économie, on ne nous donne cependant pas de recettes permettant, à des entreprises ou à des collectivités locales, d'accroître leur efficacité dans les processus d'innovation.