Construit à partir d’une expérience vécue, Sandrino Graceffa, directeur de SMart, une des plus grandes coopératives de travailleurs en Europe, explique de façon très concrète le lien entre crise, mutation de l’emploi et protection sociale. L’ouvrage bénéficie d’une connaissance profonde du terrain et d’une expérimentation sociale qui donne toute son importance à la proposition de réforme sociale.

De nouvelles formes d’emploi, choisies ou subies, ont fait leur apparition depuis une vingtaine d’années. Intérim, travail à temps partiel, travail sur plateformes, stages, ces formes peuvent apporter à la fois des nouvelles libertés et de la précarisation. Notre système de protection sociale et de solidarité se base sur une forme d’emploi traditionnelle. Le développement de SMart, société mutuelle des artistes, est lié à une expérimentation sociale qui cherche à sécuriser ce nouveau rapport au travail, entre entrepreneuriat et salariat.

Il ne s’agit pas de défendre uniquement les acquis mais de trouver des chemins nouveaux qui favorisent l’innovation sociale. Fort d’une expérience d’aide à la création d’entreprises dans le Nord, abîmé par le chômage, l’auteur s’est lancé dans des projets associant chefs d’entreprise, milieux associatifs et élus locaux dans la création d’espaces culturels. La culture peut aider à dynamiser des territoires, explique-t-il. Le Nord s’est mué en terrain d’expérimentation sociale avec notamment des « coopératives d’activités et de l’emploi » dans le domaine artistique. Sa rencontre avec SMart donne une autre envergure au projet.

De secrétariat social, le travail de l’équipe de soutien de quelque 120 personnes a évolué vers l’action politique autour de l’élaboration d’un statut pour artistes en Belgique. L’assemblée générale de SMart a instauré un fonds de solidarité qui garantit les salaires en faisant un prélèvement sur chaque contrat passé via la coopérative, qui permet de payer ses membres de façon plus rapide. Afin d’aider ses membres, SMart a également été précurseur dans l’informatisation de ses services. Les coopératives d’emploi mutualisent les forces de métiers d’autoentrepreneurs. La mise en réseau est primordiale dans cette forme de travail, car elle permet de développer des projets et trouver de nouveaux clients. Des coopérations économiques et sociales sont à privilégier, tout comme la promotion d’une économie collaborative. Résolument européen, pour Graceffa, les nouvelles pistes ne peuvent pas être uniquement nationales : il revendique la défense d’un droit à l’expérimentation à l’échelle européenne, un régime européen de protection sociale.